Un conte poétique et ténébreux
Après Grzegorz Rosinski qui signait les dessins du cycle originel, Philippe Delaby qui a superbement mis en image le second, achevé par Jérémy Petiqueux suite à sa tragique disparition, c’est à présent Béatrice Tillier qui prête ses crayons et ses pinceaux au Landes Perdues, univers de médiéval-fantasy ténébreux et poétique imaginé par Jean Dufaux.
Il est un bois sombre et inquiétant que tous évitent. Car tous ceux qui s’y sont aventurés n’en sont jamais ressortis. Pourtant, alors qu’il chevauche vers le château de Roi Brendan, Vivien, fils du seigneur des Aguries, décide de s’y engager pour gagner une journée de marche. S’il pensait pouvoir échapper aux maléfices de cette forêt maudite, il ignorait que le danger venait de son serviteur qui l’assassine sitôt entrés dans les marécages…
Laissé pour mort, il est ramené à la vie par un long et profond baiser donné par Oriane, fille de sorcière. Leur passion va être fulgurante. Mais Vivien va reprendre la route pour mener à bien la mission que lui a confiée son père…
Le prolifique Jean Dufaux signe un scénario littéralement envoûtant. Son récit nous raconte l’histoire du bâtard d’un roi qui ignore son ascendance et qui vient retrouver le souverain en son château. Classique? Certes, mais à partir de ce canevas, le scénariste tisse un conte sombre et envoûtant, distillant savamment poésie et maléfices, et rappelant combien le mal est au cœur de l’amour. Car derrière les apparences, les choses sont bien plus complexes qu’il n’y parait… Le commanditaire de l’assassinat de Vivien, n’est autre qu’Elgard, Prince des Marches, son demi-frère qui se verrait bien ceindre la couronne précocement. Sa mère, la Reine, exécrée par son époux, a tissé un puissant sortilège, obligeant le Roi à l’honorer alors qu’il rêve de l’occire… Alors que s’affrontent les sorcières, tout laisse à penser que, lové au cœur de la ténébreuse forêt, le Royaume de Tête noir n’a pas encore livré tous ces secrets…
Après son magnifique Bois des Vierges, Béatrice Tillier reprend donc le flambeau de la série. D’emblée, on tombe sous le charme de son dessin charnel où la lumière affronte les ténèbres. Ses planches, fourmillant de détails, sont tout juste sublimes. Elle donne vie à des personnages envoûtants tout droit sortis d’un drame shakespearien et qui s’incarnent littéralement sous ses pinceaux. En habile costumière, elle les pare de leurs plus beaux atours, travaillant matières et drapé avec finesse et sensibilité. Son travail sur la couleur s’avère une fois de plus remarquable de maîtrise et de profondeur, sublimant ses planches dotées de cadrages soignés…
Complots, trahisons, maléfices, amours, soif de pouvoir et sortilèges sont au programme de ce troisième cycle qui porte la marque des sorcières. Remontant le cours du temps, Jean Dufaux et Béatrice Tillier nous entraînent aux origines de la série. Porté par un dessin somptueux, ce premier tome inaugure un troisième cycle sombre et poétique qui s’annonce passionnant…
|
|
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire