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vendredi 27 novembre 2015

Critique ⎪le litteraire.com

Jean Dufaux & Béatrice Tillier, Complainte des landes perdues.

Cycle III— Les Sorcières, t.1 : “Tête noire”



Le début d’un nou­veau cycle
Ce cycle s’ouvre sur un nou­vel uni­vers, une nou­velle incar­tade dans le monde magique, fas­ci­nant des sor­cières. Jean Dufaux entraîne son lec­teur sur de nou­veaux che­mins, à la ren­contre des ori­gines de la série. Il fait de Com­plainte des landes per­dues une errance magni­fique dans un cadre presque mytho­lo­gique, emprun­tant aux légendes et aux récits épiques les grandes lignes de son his­toire, qu’il revi­site comme seul il sait le faire. Il raconte une belle his­toire où le bien et le mal conti­nuent, comme de toute éter­nité, à se com­battre, mais aussi à se confondre et à s’entremêler, fai­sant fi d’un mani­chéisme qui n’existe, en fait, que dans les fic­tions basiques. Il intro­duit, tou­te­fois, dans ce tome un ton plus poé­tique que dans les précédents.
Pour gagner une jour­née de marche vers le châ­teau du roi Bren­dam, Vivien et Gus, son ser­vi­teur, s’engagent dans la forêt du royaume de Tête noire, dans des maré­cages. Une flèche tra­verse la cuisse du jeune homme. Son ser­vi­teur l’achève alors que deux hommes arrivent. Le chef poi­gnarde Gus pour ne pas lais­ser de témoins. Les deux indi­vi­dus repartent satis­faits, lais­sant à la nature le soin de faire dis­pa­raître les corps. Un homme et une jeune femme ont été témoins du meurtre. Parce que Vivien est trop beau pour mou­rir aussi misé­ra­ble­ment, elle lui insuffle la vie et le fait emme­ner pour le soi­gner. En voie de réta­blis­se­ment, Vivien raconte à Oriane, sa bien­fai­trice, qu’il est le fils du sei­gneur des Agu­ries et qu’il doit appor­ter une amu­lette, remise par son père, au roi Bren­dam qui la recon­naî­tra et lui ser­vira d’introduction à la cour.
Bren­dam part le plus sou­vent pos­sible pour de grandes chasses, lais­sant à Jama­niel, la reine, la gou­ver­nance. Celle-ci veut que son fils, Elgar, accède au trône. Mais c’est lui qui a tué Gus. Vivien repart pour un des­tin incer­tain. Son arri­vée va faire res­sur­gir des événe­ments dra­ma­tiques du passé, un passé qui fait de Vivien l’homme à abattre à tout prix…
 C’est Béa­trice Tillier qui assure le gra­phisme de ce cycle avec ses traits pré­cis, ses décors réa­listes et ses pay­sages gran­dioses. Cepen­dant, ce qui retient sur­tout l’attention, ce sont ses per­son­nages et leur expres­si­vité tant ges­tuelle que dans les regards où elle sait si bien faire pas­ser toutes les émotions. Sa mise en cou­leurs est abso­lu­ment remar­quable. Avec cette illus­tra­trice qui se fait trop rare, mais la beauté de ses planches demande un tel tra­vail, la série se hisse à un degré supé­rieur.
Avec Tête noire, ce nou­veau cycle s’ouvre de très belle façon et fait attendre le pro­chain album, Inferno, avec impatience.
serge per­raud
Jean Dufaux (scé­na­rio) & Béa­trice Tillier (des­sin et cou­leurs), Com­plainte des landes per­dues, Cycle III — Les Sor­cières,  t. 1:  “Tête noire”, Dar­gaud, octobre 2015, 56 p. – 13,99 €.

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