Chronique Auracan
Tome 1 : Tête noire
Scénario : Jean Dufaux
Dessins et couleurs : Béatrice Tillier
Dargaud
La légende s'enrichit :
Plus de 20 ans après la parution de Sioban, premier tome de la série, dessiné par Rosinski, Béatrice Tillier entame sur un scénario de Jean Dufaux un troisième cycle de Complainte des Landes perdues, consacré cette fois aux sorcières. Initialement, Complainte des Landes perdues devait être un... one-shot, mais l'inspiration du scénariste, nourrie par un voyage en Écosse, a permis à Dufaux de bâtir une oeuvre ambitieuse, constituée de cycles différents pouvant être abordés indépendamment... mais habilement liésentre eux.
La Complainte est une légende, et cet aspect est à nouveau bien présent dans ce nouvel album, tout comme ces phrases devenues une sorte de modus vivendi : L'amour est au coeur du mal, le mal est au coeur de l'amour. Elles ne sont certes pas exprimées de cette manière dans ce premier opus des Sorcières, mais les interactions entre les personnages les illustrent aisément. L'intrigue pourrait a priori sembler simple, un roi accueillant son bâtard sur ses terres, malgré la menace représentée par son épouse et son fils légitimes. Mais les mystères baignant nombre de protagonistes et l'omniprésence de la magie, blanche ou... noire renforcent l'atmosphère fantastique du récit.
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Jean Dufaux préfère d'ailleurs parler de sa série comme d'une légende mythologique plutôt que la qualifier de fantasy, et Tête noire illustre bien cette nuance, ne fût-ce que visuellement. Les créatures effrayantes qui peuplaient le cycle précédent (Les Chevaliers du Pardon, dessiné par le regretté Philippe Delaby) sont (jusqu'à présent ?) absentes. Le scénario suffit cependant à rendre des personnages à visage humain tout aussi inquiétants.
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Béatrice Tillier avait déjà signé l'étonnant Bois des Vierges avec le même scénariste et on peut sans hésitation parler de symbiose de leurs apports dans cette nouvelle collaboration. Le trait de la dessinatrice est raffiné et sensuel, et son travail sur les couleurs, tout aussi soigné, le soutient parfaitement. Son travail sur ce premier tome s'avère davantage dans une forme de continuation que le passage du dessin de Rosinski à celui de Delaby.
Béatrice Tillier campe de fort beaux personnages féminins, susceptibles de servir au mieux la thématique de ce nouveau cycle. Nombre de lecteurs attendaient avec impatience et curiosité le début de ce troisième cycle. Leur patience devrait être logiquement récompensée et leur attente satisfaite. Tête noire ne démontre aucune faiblesse par rapport à ses illustres prédécesseurs !
Pierre Burssens
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