lundi 7 décembre 2020

Lu sur la toile



Voici un avis particulièrement bien argumenté sur les séries de la Complainte,
de la part d’un nouveau lecteur, qui en a hérité de son père. L’histoire finit bien.  
Source : Forum sur BD Gest 

 

 "Mon père souhaitant se débarrasser de certaines séries de sa collection, il m’a donné les deux premières saisons de la « Complainte des landes perdues » il y a quelques semaines. J’avais déjà entendu parler de cette série, jugée par certains comme un « classique » de la fantasy en BD. Je n’avais pas vraiment d’attentes ciblées, sinon d’avoir face à moi une série ayant très bien fonctionné, donc je supposais un scénario et un dessin tous deux de grande qualité. Je ne savais pas du tout dans quel type d’environnement fantasy l’histoire se déroulait, donc pas d’a priori de ce côté-là.

J’ai profité de quelques soirées de repos cette semaine pour me plonger dedans… et découvrir cet univers.

J’ai donc entamé la série par le cycle 1, sans savoir qu’il était le plus tardif d’un point de vue chronologique (ce que je n’ai compris que plus tard). J’ai plutôt bien aimé le tome 1, le dessin de Rosinski étant fidèle à celui des meilleurs Thorgal et la mise en route assez brumeuse, sans être incompréhensible justement : un côté mystique qui m’a plutôt plus. Puis j’ai lu le tome 2, et j’ai été un peu déçu. J’ai trouvé le scénario convenu. J’ai donc décidé d’arrêter ma lecture pour la soirée.

Le lendemain soir, j’ai décidé de poursuivre le cycle 1, en m’attaquant aux tomes 3 et 4. J’ai finalement compris que le Cycle 1 était composé de deux « mini-cycles » (les tomes 1 et 2 formant le cycle 1 initialement construit, les tomes 3 et 4 étant ajoutés pour « compléter » par la suite). Et là j’ai vraiment été déçu. Le tome 3 est assez sympathique, mais demeure un peu simple et surtout trop rapide, et le tome 4 est, à mon sens, vraiment faible au niveau du scénario : c’est une fin expédiée, peu crédible et digne d’un manichéisme archaïque.

Comment Sioban peut devenir différente aussi rapidement, comment le personnage de Kyle peut-il être aussi vite réduit à de la figuration ? Et puis la magie noire et le Ouki, c’est vraiment du sucre sur du sucre : on force les traits du côté « sombre », et on contrebalance avec un humour bien lourd proche de celui de « fol de dol » dans la quête.

J’étais déçu, je comptais m’arrêter là, considérant que ce n’était pas une série pour moi (ce qui m’était arrivé il y a 2 ans avec la Légende des contrées oubliées, que je n’ai pas eu de plaisir à lire) … j’ai donc fait un tour sur Bdgest pour voir les avis sur le cycle 2. Et cela m’a convaincu, surtout que j’apprécie Murena et le dessin de Delaby.

Je me lance donc dans le cycle 2 en début de matinée… et j’y reste scotché jusqu’à 12h, enchaînant les 4 tomes en suivant. J’ai trouvé le dessin de meilleure qualité, l’histoire mieux construite et l’ambiance plus conforme à mes attentes.

Le charisme de Sill Valt, les interrogations du jeune Seamus ou encore la question de la sorcière-fée Sanctus : ce sont des points forts de ce cycle, dont le scénario me paraît plus solide, mieux élaboré. La quête des chevaliers du Pardon, les liens entre ombre (Cryptos) et lumière (Sill Valt), avec le cas Seamus au milieu de tout cela. Surtout, si le cycle 1 m’a paru brumeux et pas toujours clair, les informations du cycle 2, non content de se suffire à elles-mêmes, apportent des réponses au cycle 1, notamment sur la position des chevaliers du pardon et le passé de Seamus, aboutissant à la guerre et aux mages noirs, dont la place est prégnante dans la vie de Sioban.

Ragaillardi par ce plaisir de lecture, je décidai de m’intéresser au cycle 3 en retournant sur Bdgest… et là aussi les avis semblaient très positifs sur ce nouveau passage dans le passé de L’Eruin Dulea. Je me suis donc rendu hier après-midi chez mon libraire afin d’acquérir les deux tomes actuellement sortis… et de nouveau le plaisir de lecture s’est accru. A mes yeux, le cycle 3 est encore mieux écrit que le cycle 2, lui-même étant mieux construit que le cycle 1.

L’incursion dans l’histoire des sorcières, avec la vie de Sanctus tant qu’elle n’était pas une fée, l’origine des Fitchell, les soubresauts originels du monde en dehors de l’Eruin Dulea … et l’histoire future de l’île qui est esquissée dans ce nouveau cycle des sorcières : que du bonheur. J’imagine de surcroît, avec le titre du tome 3 du cycle 3 « Regina Obscura », que l’on risque de revoir la mater obscura du cycle 2 dans l’avenir ? Enfin plutôt dans le passé du coup !

On sent que Mr Dufaux maîtrise davantage son histoire, que la brume laisse place à la clarté. Quant aux dessins, ils demeurent excellents (c’est la chance de cette série à mon sens : trois cycles, trois dessinateurs, trois talents). Ce qui vient me confirmer qu’il faut parfois laisser le temps agir, laisser aux scénaristes la latitude nécessaire pour construire un univers cohérent… Tolkien n’a pas bâti sa mythologie en 3 ans, Georges Lucas non plus. Cette série, débutée il y a 26 ans, monte en puissance, et c’est un cas que j’ai rarement vu, surtout lorsque la structure narrative va à rebours totalement, en remontant le temps non pas le temps d’un prequel mais bien de plusieurs.

En tout cas je suis un nouvel adepte de l’univers, et ce n’était pas gagné il y a encore quelques jours, surtout à la lecture du tome 1 (j’étais même à deux doigts de revendre l’ensemble).

A suivre, avec plaisir désormais ! "

Dunyre



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