mercredi 29 août 2018

Interview croisée Béatrice TILLIER / Olivier BRAZAO

©Luc Turlan
Vous êtes un couple de dessinateurs de BD, vous êtes-vous rencontrés grâce au dessin ?
Béatrice : En quelque sorte puisque nous étions sur les mêmes bancs d’école.
Olivier : Petite précision, sur les bancs d’une école de dessin à Lyon, d’où nous sommes originaire d’ailleurs.

Votre fils s’intéresse-t-il à la BD ou au dessin ?
Il a eu de quoi lire vu la quantité d’albums à la maison et de quoi dessiner vu le matériel à sa disposition. Par imitation, à force de nous voir à nos tables à dessin, il dessinait également de son côté. Il nous accompagnait aussi sur tous les salons B.D. que nous faisions . Mais il reste un enfant de sa génération, avec des intérêts plus tournés vers les mangas, les comics et les jeux vidéos. 
Ceci-dit il apprécie quelques bonnes séries Franco/Belge dont la numéro un pour lui est « Seuls, puis Kid Paddle, Game Over, Astérix, Gaston, Tintin, les petits mythos, et aussi les Cop’s »…

Pouvez-vous m’expliquer vos techniques de travail, tradi et ordi, et les raisons du choix de vos techniques différentes ?
Quand on a démarré dans le métier, le choix des techniques étaient « simples », c’étaient celles qui existaient !!! rough, crayonnés au critérium, encrage au pinceau à l’encre de chine et pointe tubulaire pour les architectures et mise en couleurs aux encres acryliques Magic color. Le tout sur différents papiers : schoeller Hammer, vinci, Fabriano, Canson Montval. Là non plus, pas trop par choix mais parce que chaque fois qu’on trouve du bon matériel, il a la fâcheuse habitude de disparaitre… Aujourd’hui, je dessine au crayon bleu, j’encre au feutre et je fais mes couleurs à l’aquarelle sur papier Arches. Cette fois, c’est un choix réel, afin d’assurer une bonne transition avec le travail de Delaby sur les « Complaintes » au niveau du rendu. 
Effectivement comme Béatrice, j’ai commencé en traditionnel, crayon, plume, feutre, pinceaux, papier… Puis je suis venu il y a peu à la cintiq (tablette graphique) pour des raisons pratiques, car lorsque l’on travaille pour certaines boites de pub, de jeu… Ils passent leur temps à vouloir faire des changements, améliorations… Du coup c’est plus simple pour apporter des modifications, que de devoir retoucher, recommencer sur un original papier, qui souffre à chaque retouche… Car des fois à force de changements on risque de passer à travers le papier. Maintenant grâce à la cintiq, je n’ai plus ce souci.

Avez-vous des talents complémentaires ?
Tout à fait, je penche beaucoup du côté très réaliste, adulte, compliqué, détaillé, j’intellectualise beaucoup la conception des planches et des cadrages, ce qui prend beaucoup de temps. Olivier est plus instinctif, et très bon public en humour. 
J’ai un traité plus simple que Béatrice et surtout j’aime changer de style en fonction des histoires qu’on me propose, tel un acteur qui rentre dans la peau d’un personnage. Il change son style d’interprétation à chaque fois pour coller au mieux de son ressenti par rapport à l’époque, aux personnages… Et bien moi je pense et fais mon travail en ce sens. Du coup, je jongle entre un dessin réaliste, caricatural et  jeunesse (gros nez), mais je n’ai pas encore publié de BD dans le dernier style… J’ai des projets, mais il faut avoir le temps de se mettre dessus. 

Quel est votre rythme de travail ? vos horaires ?
J’ai toujours été un oiseau de nuit en ce qui concerne la créativité. Déjà à l’école, je réalisais toutes mes dissertations la veille de les rendre. Le matin, je ne suis bonne à rien, je rumine les rêves de la nuit, je m’inquiète pour l’avenir, bref je ne suis pas très « présente ». Et curieusement la nuit m’apaise, les angoisses s’évanouissent, les idées affluent, s’enchaînent. Aucun dérangement extérieur, tout le monde dort, pas de distraction, une grande plage horaire pour avancer. 
Nous avons la chance d’avoir le même rythme de travail. On doit faire entre 10h et 14H par jours et ce, 7 jours sur 7 si rien d’autre n’est prévu.

Vous travaillez régulièrement en atelier avec Thomas Mosdi, qu’est-ce que cela vous apporte ?
Des biscuits pour notre teatime de 2h du matin… Plus sérieusement, un oeil extérieur, un échange sur le travail avec d’autres de ses dessinateurs, les éditeurs, les contrats, les bruits de couloirs… Pouvoir avancer en sachant que les autres travaillent aussi et éviter la tentation d’aller fouiner sur le net…  
Le côté atelier est fort agréable. Il y a une ambiance studieuse, le tout en musique. On en profite pour se faire découvrir des artistes, des groupes. S’il y a une interrogation sur un dessin, cadrage, lisibilité, écriture, angle d’accroche pour une histoire, on a le regard et l’avis dans la foulée, sans devoir se triturer les méninges pour être sûr de son choix. On fait des brainstorming comme on dit, c’est un sacré gain de temps.

A quel âge as-tu commencé à dessiner et à faire de la BD ?
Dés que j’ai su tenir un crayon. J’ai dessiné beaucoup très tôt pour me raconter plein d’histoires. La bibliothèque familiale étant pleine de B.D. j’ai, très tôt, été attirée par ce médium qui permettait d’engranger à la fois des images et des histoires très vite, contrairement à la lecture de romans. En fait, j’ai trop d’imagination pour lire un livre « normal », je dois relire sans cesse la même page car mon esprit vagabonde très vite pour mettre en image les écrits. D’où l’intérêt de faire de la B.D. son métier !!! Ma première petite BD, je devais avoir 4-5 ans, j’avais fait des petits dessins puis relié les pages pour faire un petit album… 
J’ai toujours eu de la BD à la maison. C’est ma mère qui aimait ça, du coup c’est elle qui m’a initié à la BD qu’elle affectionnait enfant, puis Astérix, Lucky luke,… et même Bécassine. Mon père, quand à lui, c’est mis à lire de la BD lorsque nous avons sorti nos premiers albums avec Béatrice. J’ai commencé à faire de la BD vers l’âge de 8 ans. 

Que lisais-tu enfant ?
J’ai commencé avec Tintin, Astérix  et Gaston Lagaffe, puis très vite j’ai bifurqué vers de la B.D. adulte avec Moebius, Gotlib, et Yoko Tsuno. Ma grande révélation fut François Bourgeon. 
J’ai commencé de façon très classique, Astérix (Pour moi deux virtuoses à la création), Johan et Pirlouit, Gaston, Spirou, Clifton… Après je me suis dirigé vers un style de dessin plus réaliste ou plus sombre avec Durango, Histoire sans héros, XIII, Les 7 vies de l’épervier, Archi cash, Crystal, Les idées noires, Soda… 
Qu’aimes-tu dans les publications d’aujourd’hui ?
Le fait que les techniques de reproduction soient à la pointe, a permis une explosion des graphismes, des couleurs, des styles, ce qui donne une grande variété de rendu en adéquation avec le type d’histoires. 
La diversité… Il y en a pour tout les gouts, envies… Mais pour moi tout n’est pas à mettre dans la catégorie BD.

Qu’est-ce que tu n’aimes pas dans les publications actuelles ?
Le grand n’importe quoi que l’on catégorise comme étant de la bande dessinée et qui porte préjudice à cet art auprès des personnes qui ne connaissent pas ce médium. Comme cela me passionne depuis ma tendre enfance, j’ai une très haute idée de ce que doit être ce mode narratif le plus complexe de la littérature : un bon scénario, un dessin soigné et maitrisé (l’art de la narration, de la composition de chaque case et de chaque planche, les intentions cachés, la seconde lecture), une mise en couleur qui complète le récit… La « Bande dessinée » comme son nom l’indique est au départ un strip qui raconte un gag, avec une chute à la fin. Le « roman graphique » conviendrait mieux au type de BD que j’affectionne : un scénario digne d’un roman, un graphisme digne d’une oeuvre d’art. Après il y a le reste : des tranches de vie, des journaux intimes griffonnés, des livres où à l’impression que l’auteur n’était pas assez bon en dessin pour faire de l’illustration ou  pas assez calé en littérature pour faire un vrai roman. Je ne dis pas que ces ouvrages ne devraient pas exister mais qu’ils ne devraient pas entrer dans la catégorie des bandes dessinées, un genre à part. Car comme ils sont un phénomène de mode, ils sont mis en avant et décrédibilisent le « dur labeur » des vrais auteurs de BD aux yeux du public néophyte. 
Ce que je n’aime pas c’est l’amalgame que l’on fait entre BD et « dessin de blog »… Ce n’est pas du tout la même recherche, aussi bien au niveau graphique, que narratif… Cet engouement, qui dénigrerait presque le travail des dessinateurs de BD, me désole. On a tendance à oublier qu’un dessinateur et en charge de tout les postes visuels : Narration, choix des acteurs, décorateurs, styliste, architecte, créateur de vaisseaux spatiaux, d’univers… Et lorsqu’il fait sa couleur : la lumière, les ambiances, les partis pris choisi pour la lisibilité… Tout ça ne se fait pas en un claquement de doigt. Tout est pensé !! Nous sommes dans une période où on aime bien ré-attribuer des noms aux choses et bien il faudrait trouver un autre terme pour tout ce qui sort de la BD dite Franco-Belge. On a bien « roman graphique » pour les albums traités de façons graphique plus légère, avec un nombre de pages plus important, enfin au-delà des paginations classiques. Mais ce n’est pas aussi simple que ça, non plus… 

Quelle a été ta toute première publication ?
Couverture et illustrations " Prisonniers des sables " Collection Arc en poche, Éditions NATHAN 1993, réalisé pendant ma dernière année d’étude, avant le diplôme ! En B.D. c’était Fée et tendres Automates (Album B.D. 48 pl. « Fée & tendres Automates » tome 1 « Jam », scénarisé par Téhy, Éditions Vents d'Ouest 1996, Prix découverte Sierre , Éléphant d’or meilleur album à Chambéry, Prix de la ville de Sérignan, prix Infonie, nomination alph’art coup de coeur Angoulême ) 
Je n’avais pas encore fini mes études et pas encore eu mon diplôme que mon premier livre paraissait chez Nathan, c’était «  La belle au bois dormant ». Il a été traduit dans plusieurs langues d’ailleurs, au Brésil, Pologne… Et en Corée ou il on même traduit mon nom, du coup je suis incapable de savoir où je suis sur la couverture. Sinon, j’avais déjà eu des parutions mais en presse pour « le  Progrès des enfants » publié à Lyon. Nous faisions la une à tour de rôle avec Béatrice et ce durant 3 ans. 

Qu’as-tu ressenti lorsque tu as reçu ta première BD imprimée ?
En fait, j’ai toujours du mal à croire que l’accumulation de tous les dessins réalisés soient une vraie B.D. Le fait que ce soit moi qui l’ai faite, me perturbe encore, comme si c’était irréel. 
De la fierté, déjà lors de la parution de mon premier livre illustré chez Nathan. J’étais heureux comme à chaque fois d’ailleurs, c’est toujours agréable de voir paraître un travail sur lequel on s’est investi pendant plusieurs mois. Et j’avais aussi l’impression d’entrer dans la cours des grands. Ce qui est agréable aussi, c’était de passer de l’autre côté de la table, si je puis dire. Je pouvais rencontrer, discuter, manger, sans distance avec les auteurs que j’avais pu lire, enfant. C’est d’ailleurs toujours un peu étrange, des fois !! 

Qu’aimes-tu dans les salons et séances de dédicaces ?
Se retrouver de l’autre côté de la table après avoir moi-même fait le pied de grue de l’autre côté pour avoir un souvenir de l’auteur et devenir le collègue, ou l’ami de cet auteur que l’on a tant admiré. On est toujours étonné par la persévérance des lecteurs pour avoir un dessin fait dans des conditions déplorables par rapport au confort de notre atelier. Avoir un retour sur son travail, se rendre compte des émotions que l’on a suscité chez le lecteur et réussi à transmettre juste avec des traits et des couleurs… Des belles rencontres, certains organisateurs et lecteurs sont devenus de vrais amis. Sans parler des auteurs !! 
Ce que j’aime c’est la rencontre avec le lecteur pour avoir son avis sur le dernier album paru et des fois même sur l’ensemble de mon travail, sur mon évolution graphique… L’autre chose que j’aime bien en salon c’est le fait de revoir les copains et de faire de nouvelles rencontres qui peuvent parfois déboucher sur de nouvelles collaborations et rien que ça, c’est génial. Ce qui est aussi agréable, c’est que l’on peut en profiter pour visiter des coins de France ou à l’étranger où nous ne serions pas forcement allés. C’est l’occasion de prendre des photos et d’enrichir notre documentation pour le travail.

Qu’est-ce que tu n’aimes pas dans les salons et séances de dédicaces ?
C’est toujours une aventure car on ne sait jamais, quand on accepte une invitation, où on va atterrir… Pour en avoir faire fait une quantité industrielle, je peux dire qu’aujourd’hui je commence à fatiguer de l’inconfort (éclairage horrible voire inexistant, chaises de camping, tables branlantes, chaleur ou courants d’airs, lieux bruyants, repas froids et logements éloignés). Sacrifier un week-end pour faire des heures de trains pour travailler dans des conditions moins bonnes que dans son atelier, personne n’accepterait de faire ça surtout bénévolement. On ne demande pas le luxe, juste l’équivalent de son chez soi. Et ma santé ne me le permet plus. 
J’avoue que ce n’est pas ma tasse de thé, comme on dit. Pour tout vous avouer au tout début de ma carrière, je prenais un smecta pour ne pas avoir des maux de ventre… C’est dire. Maintenant ça va mieux, mais la dédicace n’est pas un exercice que j’aime faire, pour la simple et bonne raison que je ne suis pas aussi à l’aise que dans mon atelier. Je n’arrive pas vraiment à me détendre… 

Te rappelles-tu ton premier salon BD côté auteur ?
Oui c’était saint-Malo ! j’ai été présentée à Loisel, Wendling et d’autres pointures par ma merveilleuse attachée de presse Caroline Lhomme. L’éditeur y croyant peu, le libraire n’avait prévu que 50 BD. Pour me faire remarquer, j’ai commencé à faire des dédicaces avec des encres de couleurs sur les livres de ma table. Les passants ont été interpelés et tout est parti dans l’après-midi ! 
C’était au salon du livre de Paris, cette année là il y avait une chaleur super étouffante et pour couronner le tout la clim était tombé en panne… On a passé notre temps boire de l’eau. 

As-tu une anecdote étonnante arrivée en dédicace à nous raconter ?
Il y en aurait trop. Les lecteurs avides de dédicaces sont par nature, étonnants dans leur demande. 
Toujours au salon du livre de Paris, la même année, vu qu’il faisait extrêmement chaud, mon bras collait au papier et, bien sûr, arriva ce qui devait arriver, j’ai déchiré une page ou je dédicaçais. La personne ne m’en a pas tenu rigueur. Elle est reparti avec deux dédicaces au final car je lui ai offert un autre album. 

Peux-tu nous dire de quelle réalisation tu es le plus fier ?
Aucune, chaque nouvelle est un cran au dessus de la précédente et j’espère toujours faire mieux, alors j’ai zéro recul sur mon travail, je ne vois que les défauts… En fait le plaisir se situe à certains moments de la réalisation et pas forcément quand c’est terminé. 
De toutes, car il y a forcement une évolution… Enfin j’espère. Et a chaque fois j’essaye de donner le meilleur. Mais surtout ce j’aime c’est la diversité, principalement raconter des histoires, mais aussi collaborer à des plateaux de jeux, la création de logos, d’illustrations publicitaire…

Ta plus belle rencontre d’auteur c’est…
Celle dont je rêve n’est pas encore arrivée : François Bourgeon 
Albert Uderzo !! Pour moi c’est le must en BD, il s’est tout faire, réaliste, humour… Et le tout, parfaitement. J’ai la chance de le connaître un peu. Nous (avec Béatrice) l’avons rencontré la première fois à Lyon dans notre école de dessin. Cette fois-là, nous avions même été privilégier car nous avions pu discuter tranquillement tous les 3 pendant 20 minutes et après nous nous sommes rencontrés à divers reprises et avions mangé ensemble plusieurs fois. J’ai été très heureux de pouvoir lui faire un dessin hommage pour ses 90 ans. 

Quelle étape préfères-tu faire dans tes planches ? le storyboard, le crayonné, l’encrage ou la couleur ?
Le story est le moment où l’on crée tout, où les mots deviennent une image, le film de l’album se tourne dans la tête, c’est très excitant, on rêve à l’impossible. Le crayonné est le plus besogneux, on construit, on recommence… L’encrage est plus reposant, on peut poser son cerveau, c’est du nettoyage. Pour moi, la couleur, c’est la récompense après ce dur labeur, les corps et les décors prennent vie, les ambiances subliment le dessin, le rendent lisible. 
Le story board et l’encrage, le premier pour la réalisation de la mise en scène, trouver des astuces sur l’enchaînement des cases ou de la planche…  et le second pour la finalisation de celle-ci, révéler mon dessin au milieu de tout mes traits de mise en place. 

Quel album, récent ou ancien, aurais-tu aimé dessiner ?
La plupart des albums que j’aime portent sur des sujets que je n’aurais pas aimé dessiner ou pas été capable de dessiner. La question serait plutôt de savoir quelle histoire j’aimerais mettre en image. Et là, je répondrais « les miennes ». 
Heu… y’a surtout des projets que j’aimerais voir se concrétiser.  

Quels sont tes projets et tes envies pour les prochains mois ?
La suite, le tome 3 de Complainte qui va m’occuper encore un bon moment !!! 
Finaliser le diptyque que je suis entrain de réaliser avec Eric Le Berre au scénario et Pierre Schelle à la couleur. 

… et pour les années à venir ?
Le Tome 4 de Complainte bien sûr !!! et après…j’aimerais illustrer mes propres histoires. 
Que certains de mes projets personnel voient enfin le jour. Mais je ne les réaliserais pas seul, car je ne désire pas travailler seul. 

Avec quels scénaristes aimerais-tu travailler ?
J’ai déjà eu la chance de travailler avec un des plus grands, Jean Dufaux. J’aime aussi les univers de Yann et de Makyo. 
Avec Christophe Cazenove, Jean-Blaise Djian, et ceux ou celles qui seraient intéressés par une collaboration.

Quelle grande série aimerais-tu reprendre ?
C’est déjà fait !!!! :D  
Pourquoi pas plutôt essayer d’en créer une ? :)

Quel est le dernier album ou série qui t’a plus ?
 Le "Coeur desAmazones" de Rossi. 
Le tome 2  du cycle des Sorcières de « La complainte des landes perdues », je sais, il n’est pas encore paru, mais que voulez-vous j’ai quelques affinités avec la dessinatrice. Il est vraiment top et je ne vous parle pas du Tome 3 sur lequel elle travaille !! Ça dépote !!

Il y a beaucoup de débats en ce moment sur le statut de l’auteur, êtes-vous inquiet pour l’avenir de ce métier ?
Beaucoup et d’autant plus que les éditeurs n’en ont absolument rien à faire et ne cherchent même pas à défendre leurs vaches à lait en oubliant qu’ils disparaîtront en même temps que nous.  
Malheureusement, avec ce qui se profile à l’horizon, si l’état continue de faire n’importe quoi avec notre statut et que les éditeurs ne s’impliquent pas plus dans l’avenir des auteurs, la question « faire de la BD » ne sera plus qu’un lointain souvenir. Ça peut paraître surprenant de dire ça, le public a l’impression que la BD a le vent en poupe, car on en parle beaucoup et qu’il y a pas mal d’adaptations, plus ou moins bonnes, d’ailleurs. Mais le milieu des auteurs souffre énormément et le risque qu’une bonne partie disparaisse est important. Il y a eu le même problème en Angleterre dans les années 70 (si j’ai bonne mémoire) et depuis il n’y plus ou quasiment plus de parution BD. Pour plus d’information : https://olivierbrazao.blogspot.com/2018/07/auteursencolere.html

La BD est, je trouve, un milieu plutôt masculin, surtout dans le style de BD que dessine Béatrice, si je ne me trompe pas à quoi est-ce dû à ton avis ?
Comme je dis toujours, S’il y a si peu de femmes dans la BD c’est qu’en fait il n’y a uniquement que les meilleures et les plus talentueuses. 
Je pense qu’avant tout ça part de la lecture et du type d’album que l’on t’offre, te fait découvrir enfant. On avait plutôt tendance à une époque à offrir des albums illustrés aux filles et de albums BD aux garçons. Il fallait aussi qu’elles puissent s’identifier aux héroïnes de BD et, malheureusement, elles étaient beaucoup utilisées comme faire-valoir, hormis certaines comme : Yoko Tsuno, Natacha, Isabeau dans les passagers du vent, Pélisse… Mais la tendance a bien changé et je suis très heureux  de ça ! Sans qu’il soit question de parité, c’est bien plus agréable, car je ne suis pas à adepte du 100% masculin. Ceci dit on ne devrait pas juger un livre aux noms qui se trouvent sur la couverture, mais sur la qualité, du scénario, du dessin et de la couleur. Que ce soit des hommes ou des femmes qui sont aux manettes, on s’en moque un peu. Non ?

Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui voudrait faire de la BD ?
Cours Forest court, surtout ne te retourne pas… Pour faire de la B.D., il faut s’oublier, aimer travailler et bien faire son travail, ne pas se prostituer, savoir dire non, se fédérer pour ne pas se faire exploiter. 
Avoir plusieurs corde à son arc (dans le dessin, tant qu’à faire), comme on dit. 
Et surtout, être tenace et ne pas avoir peur de manger que des pâtes tous les jours… Sans rien dessus.

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