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Béatrice Tillier, bonjour. Pourriez-vous vous présenter en quelques mots, nous parler de votre parcours ? Bonjour. Je suis dessinatrice de bande dessinée, je crée des univers rêvés et j’essaie de faire rêver les lecteurs aussi. J’ai toujours dessiné depuis ma tendre enfance et je ne compte pas m’arrêter. J’ai fait des études littéraires et artistiques, complétées par une école de dessin sur Lyon. Quels sont les auteurs que vous aimez, qui vous ont influencée ? Sans doute tous ceux que j’ai pu lire et digérer toutes ces années (Moebius, Leloup, Franquin, Wendling, Parnotte, Frank Pé…) mais le déclic est venu de François Bourgeon, qui m’a fait réaliser que la BD pouvait devenir mon métier et prendre les traits de la conception que je m’en faisais. Pouvez-vous nous parler un peu de votre méthode de travail. Comment concevez-vous les personnages à la lecture du scénario ? Je m’en imprègne, j’extrais leurs caractéristiques principales et j’essaie d’imaginer un casting idéal, comme un metteur en scène qui choisirait ses acteurs. Le physique va dépendre de la personnalité, pour la caricaturer plus que dans la réalité pour que le lecteur perçoive la même sensation. Le fait de créer un personnage en pensant à quelqu’un, ou à une forme, un animal, une caricature, permet de lui donner une âme plus profonde, une vraie personnalité et évite de tomber dans la facilité et l’ennui des stéréotypes, de l’automatisme. C’est plus long à mettre en œuvre à chaque case, mais les personnages deviennent tangibles et transmettent plus d’émotions. Vous avez commencé votre carrière en illustrant des romans pour enfants. Cela demande-t-il une approche particulière ? Est-ce quelque chose que vous aimez faire ou était-ce juste un moyen de vous faire remarquer par le monde de l’édition ? La bd, quand on débute, est un processus long à mettre en place : monter un dossier (écrire un scénario, le découper, faire quelques planches en noir et blanc et en couleurs), le présenter aux éditeurs (prendre des rendez-vous, monter sur Paris, rencontrer des éditeurs, attendre leurs réponses), finir par signer (pas toujours avec le projet de départ), commencer le travail… pendant tout ce temps, comme il faut bien vivre, la solution la plus rapide, c’est l’illustration : des contrats courts, une mise en œuvre rapide. Ce n’était donc pas forcément un choix, mais une solution d’attente. J’ai été choisie par rapport à mon style réaliste, je n’ai donc pas vraiment eu à devoir m’adapter. Il y a juste quelques contraintes vis-à-vis de la tranche d’âge à laquelle on s’adresse, voire un peu de censure en fonction des éditeurs. Fée et tendres Automates est l’œuvre qui vous a révélée au grand public. Quel regard jetez-vous sur cette série 15 ans après le début de l’aventure ? Une belle aventure mais aussi des regrets d’avoir été évincée du dernier tome. Sans cela, je pense que la série aurait connu certainement le succès qu’elle méritait. A quel niveau surtout pensez-vous avoir évolué depuis lors ? La technique, car j’ai pu tester depuis des matériaux différents. Une certaine libération de pouvoir aujourd’hui être libre de mes choix de composition, de cadrages et la maitrise j’espère, car il est important de se remettre en question à chaque fois, ne pas céder à la facilité pour toujours progresser, apprendre, évoluer pour être toujours fière du travail accompli et laisser une jolie trace. La BD est après tout le 9ème art et non pas juste un produit de consommation. Pourriez-vous revenir sur les circonstances qui vous ont empêchée de dessiner le troisième tome de la série ? C’est simplement le scénariste qui a décidé de terminer seul son histoire. Mon voisin le Père Noël est assez éloigné de votre univers habituel. Comment êtes-vous arrivée sur ce projet ? Qu’est-ce qui vous a séduite dans l’histoire pour que vous vous lanciez dans l’aventure ? Nous nous connaissons depuis longtemps avec Philippe Bonifay et nous avions envie de travailler ensemble. Il nous fallait un projet sur lequel mon dessin puisse s’exprimer. Après plusieurs essais sur différentes histoires, nous sommes tombés d’accord sur ce thème. Mon « passé » chez les « fées » permettant au lecteur de croire tout naturellement au Père Noël ! Pour Le Bois des vierges, comment avez-vous vécu le fait de passer de Robert Laffont à Delcourt ? Assez mal, il est très désagréable de se voir imposer un nouvel éditeur quand on avait choisi le précédent : « quand un fermier vend sa ferme, on ne demande pas l’avis aux vaches » est l’adage que nous avons tous vécu. Ce ne fut pas un sauvetage, mais plutôt une incarcération. La méthode de travail n’a pas changé, c’est l’état d’esprit qui a pris un coup… difficile de mettre tout son cœur et ses tripes quand on sait qu’au bout de la chaine on fera peu de cas de votre création. Etait-ce une réelle difficulté de dessiner tous ces animaux dans Le Bois des vierges ? Au départ je pensais que cela le serait. Mais finalement, leurs personnalités ont été si bien écrites par Jean, que naturellement, j’ai fini par les percevoir comme des humains, juste un peu plus poilus ! Ce fut juste un travail supplémentaire de documentation. Où en êtes-vous avec la réalisation du prochain album ? Juste à la moitié. Comment se passe votre collaboration avec Jean Dufaux ? Avez-vous votre mot à dire sur le scénario ? Pas besoin, tout est écrit au cordeau pour mon dessin. Les deux s’accordent parfaitement. Avez-vous une affection particulière pour les récits assez manichéens et les amours compliquées ? (Fée et tendres Automates et Le Bois des vierges traitent du même amour voué à l'échec mais où les personnages essayent envers et contre tout). J’aime surtout jouer avec le blanc et le noir, arriver à rendre le laid attirant et le beau repoussant. Le romantisme est toujours un thème qui ressort bien en dessin. J’aime surtout les récits fantastiques, ceux qui permettent de s’évader, de créer des univers et des ambiances. Quels sont vos projets pour l’avenir ? Seriez-vous tentée par une série où vous feriez le scénario et le dessin ? Je vais continuer ma collaboration avec Jean Dufaux après Le Bois des vierges sur le troisième cycle de La Complainte des landes perdues. Je serais tentée pourquoi pas plus tard de réaliser un projet personnel. En attendant, je continue d’apprendre auprès de scénaristes plus aguerris. Béatrice, merci pour votre collaboration, et au plaisir de découvrir vos prochains albums. Merci à vous ! Interview réalisée le 14/12/2011, par Little Miss Giggles, avec la participation de Mac Arthur, js et Chalybs. |
Encore merci pour vos réponses :)
RépondreSupprimerBonsoir Beatrice
RépondreSupprimerJ'ai Hate d'avoir le tome 3 entre les mains et de voir votre talent sur complaintes des landes perdues , bonne continuation
J'adore votre travail mais j'ai une question, vous pouvez aquareller directement sur votre encrage ou vous devez faire une photocopie ou photogravure de votre illustration avant de peindre?
RépondreSupprimerTrès bonne continuation :)
On peut peindre avec de l'aquarelle ou des encres acryliques directement sur l'encrage puisque lui-même est réalisé à l'encre de chine. Il faut juste faire attention aux couleurs trop opaques comme les rouges qui ont tendance à affadir le noir. Mais rien n'empêche de redonner une petite couche d'encre de chine au final si besoin est.
RépondreSupprimerMerci beaucoup de votre réponse!
RépondreSupprimerJ'ai essayé avec des pen Faber Castell et ça bien tenu le choc et le noir ne s'est pas affadit! En ce qui concerne le masking fluid, j'ai vu que vous utilisiez une très fine couche vous avez pas de problème pour l'enlevé sans qu'un bout de papier parte?
Pour le papier est il plus facile de travailler avec du cold pressed ou du hot pressed?
C'est les dernières questions qui me trottine! :)
Alors à moi de jouer!
RépondreSupprimerMerci d'avoir pris le temps de me répondre! :)
C'est vous qui prendrez la suite sur la complainte des landes perdue ! quelle bonne nouvelle ! j'ai hate de voir ça !
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